traduction en grec de la Bible hébraïque, produite peu avant l'ère chrétienne
Cet article concerne une traduction en grec de la Bible. Pour le nombre septante, voir 70 (nombre).
La Septante (LXX, latin: Septuaginta) est un ensemble de livres de la Bible hébraïque rédigés en grec koinè. Cette collection de textes tire son nom du récit rapportant la traduction du Pentateuque au iiiesiècleav. J.-C. à Alexandrie.
Les traducteurs de la Septante inspirés par le Saint-Esprit, illustration de
La Chronique de Nuremberg
, 1493.
Le judaïsme rabinique n'a pas adopté la Septante, choisissant plutôt le texte hébreu et des traductions grecques ou araméennes (Targoum) plus proches selon leurs autorités dudit texte.
Selon une tradition rapportée dans la Lettre d'Aristée (iiesiècleav. J.-C.), la traduction de la Torah aurait été réalisée par 72 (septante-deux) traducteurs à Alexandrie, vers 270 av. J.-C., à la demande de Ptolémée II, d'où le nom de Septante. Selon Philon d'Alexandrie, ces 72 érudits auraient traduit séparément l'intégralité du texte mais, au moment de comparer leurs travaux, auraient constaté avec émerveillement que les 72 traductions étaient toutes identiques.
Légende sur l'origine de la SeptanteLa légende prétend que très vite après la fondation d'Alexandrie par Alexandre le Grand en -331, une diaspora juive s'y développe fortement, en particulier autour du Palais royal, à tel point que deux des cinq quartiers de la cité sont réservés aux «descendants d'Abraham». Les Juifs continuent à étudier l'hébreu et les textes de l'Ancien Testament. Le culte synagogal est public et les Grecs se montrent curieux des «sagesses barbares». Quelques-uns gagnent le statut reconnu de «Craignant-Dieu» (signalés dans les Actes des Apôtres) en cela qu'ils suivent les préceptes du judaïsme, au moins les 7 lois des fils de Noé, sans aller jusqu'à une conversion qui implique la circoncision.
Selon la légende relatée dans la lettre d'Aristée (iiesiècleav. J.-C.), la Septante serait due à l'initiative du fondateur de la Bibliothèque d'Alexandrie, Démétrios de Phalère, ancien oligarque d'Athènes. Vers 270 av. J-C., celui-ci aurait en effet suggéré à Ptolémée II (au pharaon selon Aristée) d'ordonner la traduction en grec de tous les livres israélites, textes sacrés et narrations profanes, écrits en hébreu. Le Lagide, souverain hellénistique le plus cultivé de son temps, apparaît également soucieux de connaître les règles des divers peuples qui lui sont assujettis dans le cadre d'une réorganisation de son royaume. Les savants juifs au nombre de 72 (six de chacune des douze tribus d'Israël) auraient été chargés de ce travail qui, en leur honneur, porte le nom de Version des Septante. La tradition prétend que le souverain sacrificateur de Jérusalem, Éléazar, n'aurait accédé à la demande de Ptolémée II qu'à une condition: l'affranchissement des Juifs de Judée, que Ptolémée Ier avait fait prisonniers et réduits à l'esclavage en Égypte.
Une légende similaire est relatée par Philon d'Alexandrie.
Dans son récit, qui n'est pas nécessairement historiquement fiable, Flavius Josèphe arrondit le nombre de traducteurs à 70, d'où le nom retenu par la postérité.
Davantage d’informations Tribus, Traducteurs de la Septante - de l'hébreu au grec ...
Dans le judaïsmeLa découverte des manuscrits hébreux et grecs de Qumrân en 1947 permet de montrer que la Septante (dite LXX) a été acceptée comme texte biblique, à côté des textes hébreux, et n'est pas un document isolé. Elle se situe dans l'ensemble des textes juifs produits juste avant l'ère chrétienne.
Ainsi, Qumrân a révélé des formes qui expliquent la traduction des LXX: certains passages, jusqu'à présent considérés comme des erreurs ou des amplifications dues aux traducteurs, reçoivent désormais l'appui d'un support hébreu prémassorétique.
Des similitudes d'interprétation sont également relevées entre certains écrits de la secte des Esséniens et la LXX. L'attention est maintenant attirée sur l'ensemble des écrits juifs post-bibliques, commodément regroupés sous le nom d'écrits intertestamentaires.
Enjeux de la SeptanteRecension stemmatique des principaux manuscrits du texte biblique d'après l'Encyclopaedia Biblica. Les lignes pointillées bleues indiquent les textes utilisés pour les modifications.
MT = texte massorétique. LXX = version originale de la Septante. א [aleph] = Codex Sinaiticus. A = Codex Alexandrinus. B = Codex Vaticanus. Q = Codex Marchalianus.
Nombre de juifs qui ont migré en Égypte ne connaissaient plus l'hébreu et souhaitaient lire leurs textes sacrés dans leur langue quotidienne, l'araméen. On suppose[réf.nécessaire] que la traduction de la Septante a été précédée de targoumim (pluriel de targoum) grecs, c'est-à-dire la traduction souvent paraphrastique de la Bible hébraïque dans la langue vernaculaire (le plus souvent en araméen), parfois accompagnée d'un commentaire et d'une prédication. Toutefois, seul le grec pouvait être considéré une langue sacrée à côté de l'hébreu, tant était grand le prestige des philosophies et sciences grecques.
Une traduction unifiée a donc été lancée, très probablement à la demande du souverain lagide Ptolémée II. La Septante fut ainsi un élément de sauvegarde, mais aussi d'évolution, de l'identité juive dans la culture grecque. Ce double aspect est mis en évidence par la célèbre allusion du Talmud:
«On raconte que cinq anciens traduisirent la Torah en grec pour le roi Ptolémée, et ce jour fut aussi grave pour Israël que le jour du Veau d’or, car la Torah ne put être traduite convenablement. On raconte également que le roi Ptolémée rassembla 72 anciens, il les plaça dans 72 maisons, sans leur révéler l’objet de ce rassemblement. Il vint voir chacun et leur dit: «Écrivez-moi la Torah de Moïse votre maître». L’Omniprésent inspira chacun, et ils traduisirent de la même manière.»